
Violences intra-familiales : regards croisés & éclairage systémique
Violences intra-familiales : regards croisés & éclairage systémique
« Dans le même creuset se font et se défont les nœuds des liens familiaux et se conjuguent les sentiments positifs et négatifs. » Reynaldo Perrone
La famille est depuis très longtemps l’unité sociale qui permet à ses membres de grandir en développant leurs différentes compétences, dans un climat affectif tempéré et respectueux. Mais elle peut également se révéler lieu de souffrance, de violence, d’abus en tous genres.
Ces violences intra-familiales, qu’elles soient psychologiques, verbales, économiques, physiques, sexuelles ou autres, nous interpellent, quelle que soit notre place dans le champ médico-social.
Grâce à leurs expériences diverses tant auprès des victimes que des agresseurs, les intervenants nous feront part de leurs réflexions dans la prise en charge de ces familles.
Reynaldo Perrone, auteur de » Violence et abus sexuel dans la famille » développera à partir des expériences cliniques présentées le matin, de quelle manière une lecture systémique permet de concevoir des interventions adéquates face à ces violences. Il s’agit de modifier notre regard souvent binaire : victime/agresseur en une vision plus systémique d’une famille en souffrance.
Cette journée, impulsée par le CITF (Centre Intersectoriel de Thérapies Familiales), s’adresse à tous les intervenants au contact des familles : assistants sociaux, éducateurs, infirmiers, médecins, psychologues, psychiatres, pédiatres, sages-femmes et tout spécialement les professionnels des conseils départementaux, de la PJJ, des services de santé mentale, des foyers d’accueil comme de services prenant en charge les différentes formes de handicap, de déficience ou de dépendance.

Sur les chemins de la compétence…
des familles, des professionnel.le.s, des systèmes
Sur les chemins de la compétence…
des familles, des professionnel.le.s, des systèmes
Il y a trente ans, Guy AUSLOOS instillait une idée nouvelle dans nos champs de pensée. Il nous proposait de considérer les bénéficiaires de nos actions éducatives, psycho-médico-sociales et thérapeutiques prioritairement sous l’angle de la compétence plutôt que celui de la défaillance. Il nous a quitté en avril dernier. Nous souhaitons lui rendre hommage au cours de ces journées ainsi qu’à ses idées qui se sont répandues.
Actuellement, rares sont les professionnel.le.s à ne pas y avoir au minimum été sensibilisé.e.s. De nombreuses équipes ont intégré le concept de compétence au sein de leurs projets d’intervention, de leurs fonctionnements, de leurs méthodologies. Ils expérimentent chaque jour combien leur pratique professionnelle auprès des bénéficiaires et leurs familles s’en trouve vivifiée.
Pour autant, dans de multiples domaines, l’idée de compétence se voit désormais déclinée en de nombreuses versions : compétences du bébé et de l’enfant, compétences parentales, compétences scolaires et professionnelles, compétences des familles et des systèmes d’intervention. Ce foisonnement peut concourir à ce que certaines compréhensions et certains usages en deviennent difficilement compatibles, voire antinomiques.
En effet les pratiques fondées sur cette perspective semblent entrer en contradiction avec une lame de fond qui traverse tous les champs d’intervention : la protection. La politique du risque zéro réduit trop souvent cette noble intention à la mise en place de procédures, d’évaluations, de prescriptions, d’informations préoccupantes. Alors que travailler les compétences nécessite des espaces de créativité, d’inventivité, de prise de risque, d’incertitude, d’engagement et de secret.
Nombre de professionnel.le.s se heurtent quotidiennement à cette contradiction. Ils ont le sentiment que l’essentiel n’est plus d’aider et d’intervenir mais de protéger et de contrôler.
Et si ces intervenant.e.s questionnent de plus en plus le sens des actions qui
leurs sont demandées, d’autres, plongé.e.s dans cette contradiction, abandonnent la partie. Le burn-out en croissance exponentielle, les abandons de postes, les recrutements vains en sont sans doute le signe.
Ouvrir une fenêtre pour penser l’actuel impensé, partager des clés de compréhension et des expériences concrètes sont les objectifs de ces journées d’étude et de formation. Réenchanter nos espaces d’intervention est tellement urgent !